jeudi 21 février 2008

Le soleil se voile pour Katia



Originaire de la Grande Kabylie, Katia Hacène fut journaliste et enseignante dans la capitale algérienne. Membre fondateur du quotidien francophone "Le Soir d’Algérie", elle réside actuellement dans la ville rose, où de Toulouse elle nous fait part de ses mots et du recueil de poésie "Soleil voilé" qui vient d’être publié aux Editions Le Manuscrit.

1- Cinq mots commençant par H vous définissant bien.

Disons que les mots qui me définiraient le mieux ne commencent pas forcément par H, mais enfin, je vais essayer de répondre du mieux que je le peux : mis à part mon patronyme (rires !) on peut dire aussi : Honnêteté, Humanité, Humour, Honneur, Harmonie, ... attendez, je compte ... oui, ça fait bien cinq mots.

2- A quoi ça sert d’écrire des poèmes ? L’écriture peut-elle sauver de quelque chose ?

Je ne vous apprendrai rien en vous disant que pour un auteur, l’écriture sous quelque forme qu’elle soit est un moyen d’expression et de communication. Pour le lecteur, c’est un moyen de recevoir un message, d’apprendre, de se nourrir des autres, etc. cela dépend du genre de lecture. Écrire des poèmes est à mes yeux une manière de s’exprimer d’une manière plus plus "artistique" et par conséquent plus belle. Certains messages exprimés sous une forme poétique peuvent parfois mieux passer, mais à condition de pouvoir rentrer dans la poésie. C’est pour cela que j’écris simplement. Je tiens absolument à ce que mes textes soient accessibles à tout public. En fait je dirais que j’écris des textes en rimes plutôt que de la poésie. Pour répondre à la seconde partie de votre question, je dirais que l’écriture peut apporter quelque chose ou aider à quelque chose plutôt que sauver de quelque chose. C’est du moins mon point de vue.

3- Vous avez été journaliste en Algérie. Pouvez-vous nous faire part de votre expérience ? Peut-on tout écrire dans ce pays ?

En effet, j’ai été journaliste polyvalente à Alger durant une décennie et cette période a été l’une des plus enrichissantes de ma vie. En 1986, j’ai embrassé une carrière de journaliste en langue anglaise (car je suis angliciste de formation) et française au journal « Horizons puis au début des années 90, j’ai été membre fondateur du quotidien francophone « Le Soir d’Algérie » où j’ai occupé un poste de chef de rubriques sociales, féminines et du "Club de l’Amitié", rubrique de communications, une première en Algérie à l’époque, qui remportait tous les suffrages et suscitait l’intérêt d’autres médias algériens mais aussi européens. On ne peut pas tout écrire dans ce pays. La véritable liberté de la presse n’existe pas. D’ailleurs, beaucoup de journalistes pratiquent l’auto-censure.

4- Pourquoi avoir choisi de vivre en France ?

Aussi incroyable que l’histoire puisse paraître, j’étais venue me reposer en France suite à un petit problème de santé (dérèglement de la glande thyroïde) et j’y suis restée. En effet, vu mon état et les événements de l’époque, mon médecin, Professeur en endocrinologie m’avait signé un arrêt de travail et m’avait vivement conseillé de m’éloigner le plus longtemps possible, soulignant que l’atmosphère qui régnait n’était pas du tout favorable à une guérison complète. Il est vrai que nous vivions dans le plus grand stress. C’était l’angoisse, l’horreur. J ’étais donc allée passer des vacances à Lille, à Narbonne puis à Toulouse où je me suis installée ! (Rires !) ...

5- Qu’est-ce qu’une personne déracinée selon vous ?

La véritable définition d’une personne déracinée est celle qui a quitté son pays, son milieu d’origine. Mais pour moi, une personne déracinée est quelqu’un qui ne s’intègre pas dans une société. Lorsque l’on parle de déracinement, on pense d’emblée à quelqu’un qui vit à l’étranger parce que c’est la définition de base, mais moi je pense qu’on peut tout aussi bien être déraciné dans son milieu d’origine quand on ne s’y sent pas bien et trouver ses repères ailleurs.

6- Katia Hacène en 5 dates.


Juin 1961 (date de naissance) ; juin 1980 (obtention de mon baccalauréat) ; janvier 1986 (début de ma carrière journalistique) ; mai 1995 (arrivée à Toulouse) ; mai 2005 (publication de mon deuxième livre "Soleil voilé").

Vincent Bouba, 1er septembre 2005

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