lundi 25 avril 2011

Louise Michel en Nouvelle Calédonie




L'an V de la révolution algérienne


Au moment ou certaines archives demeurées longtemps secrètes de la guerre d'Algérie s'ouvrent enfin et que les historiens font éclater de part et d'autre la vérité sur un conflit qui n'a pas encore révélé ses aspects les plus sombres, ce « classique de la décolonisation », publié pour la première fois en 1959 et sans cesse réédité reste d'actualité.

Ce livre est né de l'expérience accumulée au coeur du combat, au sein du FLN. Car Frantz Fanon, né antillais et mort algérien (1925-1961), avait choisi de vivre et de lutter parmi des colonisés comme lui, en Algérie, pays du colonialisme par excellence. Texte militant, cet ouvrage fut aussi la première analyse systématique de la transformation qui s'opérait alors au sein du peuple algérien engagé dans la révolution.

Ce texte, parmi les tout premiers publiés aux Editions Maspero, décrit de l'intérieur les profondes mutations d'une société algérienne en lutte pour sa liberté. Ces transformations, la maturation politique et sociale, ignorées par les colons alors qu'elles étaient justement les fruits de la colonisation et de l'humiliation, présidèrent pourtant largement au processus qui mena à la guerre d'Algérie, « la plus hallucinante qu'un peuple ait menée pour briser l'oppression coloniale »

- Franz Fanon, L'an V de la révolution algérienne, La découverte, 2003

vendredi 8 avril 2011

L'Europe face à son passé colonial

La colonisation a-t-elle eu un « caractère positif » ou a-t-elle été facteur d’une exploitation et d’une domination féroces des peuples et des territoires colonisés ? Faut-il la traiter comme une page d’histoire parmi d’autres ou bien l’expier comme un péché, qui entache la France depuis plus d’un siècle ?

Loin d’être un objet froid de la recherche historique, le passé colonial nourrit aujourd’hui dans l’héxagone une véritable guerre des mémoires. Depuis la loi du 23 février 2005 et son article 4, le débat fait rage autour de ces questions.


Ces débats sont-ils uniquement franco-français ?


Il suffit de porter le regard au-delà de nos frontières pour se convaincre du contraire. Au nom du gouvernement italien, Silvio Berlusconi ne vient-il pas de faire officiellement acte de repentance pour la colonisation de la Libye ? Ce livre le montre, toutes les anciennes puissances coloniales, sont confrontées à ce passé, le Japon ne faisant pas exception. Comme d’ailleurs les sociétés anciennement colonisées. Cette approche comparative permet donc de mieux saisir ce qui, dans les débats sur ce passé, est spécifique à notre pays et ce qui relève d’un passé partagé des puissances impériales.

- Daniel Lefeuvre, Olivier Dard, L'Europe face à son passé colonial, Riveneuve éditions, 2009.

lundi 28 mars 2011

Les surréalistes face aux mythes de la France coloniale (1919-1962)


De la guerre du Maroc en 1925 à la guerre d'Algérie, les surréalistes sont parmi les rares écrivains à réclamer, aux côtés de l'extrême gauche, « l'évacuation immédiate des colonies ». Fascinés par l'art « primitif » auquel ils tentent d'associer leur propre image, révoltés par l'ordre occidental, ils élaborent une poésie du Sauvage qui renverse les préjugés colonialistes. Orientaliste, leur écriture se veut aussi destruction d'une littérature ethnocentrique et coloniale. Mêlant jusqu'à les confondre la revendication anticoloniale et l'exaltation poétique de l'altérité, leur parti pris procède avant tout d'une esthétique de l'anticolonialisme. Le surréalisme se redécouvre ici à l'aune du paradigme colonial.

Si à l'heure des décolonisations, les intellectuels s'emparent de cette position politique, dans les années 1920, les surréalistes sont isolés lorsqu'ils s'insurgent contre la France coloniale. Dès lors, à l'avantgarde qu'ils incarnent dans le domaine esthétique et poétique, correspond une avant-garde politique caractérisée par la précocité et la radicalité de leur anticolonialisme. Fort de cette contestation, « la plus fondée du monde » selon André Breton, le mouvement surréaliste appartient pleinement à l'histoire de ceux qui refusèrent l'impérialisme.

Alors que le surréalisme a fait l'objet de nombreux ouvrages, peu se sont penchés de manière critique sur cette revendication politique. Aujourd'hui, les cultures extra-occidentales sont largement mises à l'honneur tandis que le passé colonial de la France fait l'objet d'un important travail mémoriel. Or, dès les années 1920, les surréalistes s'appropriaient déjà ces questions. L'histoire de leur anticolonialisme, indissociable de leur représentation poétique des non-Occidentaux, éclaire le présent de manière singulière.

- Sophie Leclercq, La rançon du colonialisme – Les surréalistes face aux mythes de la France coloniale (1919-1962), Les presses du réel, 2010.

mercredi 23 mars 2011

Algérie, 20 août 1955

L’un des événements les plus marquants de la guerre d’Algérie est celui du 20 août 1955. Ce jour-là, à midi très exactement, des soldats de l’Armée de libération nationale, branche armée du FLN, appuyés par la population, attaquent simultanément les agglomérations situées dans le quadrilatère délimité par Collo, Philippeville, Guelma, Constantine. Des centaines d’hommes, parfois accompagnés de femmes et d’enfants, investissent les villes. Certains brandissent des couteaux, des serpes, des haches, plus souvent des gourdins et des bâtons.

Encadrés par les militaires de l’ALN, ils assaillent les centres du pouvoir colonial, les gendarmeries et les casernes, les mairies, les dépôts et les silos. Au cours des affrontements, 26 militaires français et 92 civils dont 71 Européens sont tués. La situation est rétablie le jour même. Les représailles accompagnent la répression, elle se poursuivent durant plusieurs semaines et se soldent par la mort de milliers de civils algériens.

Faute d’archives aisément accessibles, les historiens n’avaient pas osé encore s’attaquer à cet événement, laissant à certains la possibilité d’imposer un seul récit, celui d’un massacre généralisé qui aurait été perpétué par les Algériens. Au terme d’un travail de fourmi, croisant diverses archives extrêmement importantes et incontestables avec le témoignage de survivants des deux bords au massacre d’El-Alia, Claire Mauss-Copeaux rétablit la vérité : contrairement à ce que l’on dit depuis 45 ans, à Philippeville les massacres ne furent pas le fait des Algériens (deux Européens « seulement » furent tués), mais des soldats français, lors des opérations de représailles. En revanche, Claire Mauss-Copeaux établit qu’il y eut bien un massacre à El-Alia. Un livre-choc sur un tragique exemple de désinformation et de rumeur.

- Claire Mauss-Copeaux, Algérie, 20 août 1955 - Insurrection, répression, massacres, Editions Payot, 2011.

Algérie 1954

1954. L'armée française est défaite à Diên Biên Phû. Les premiers coups de feu retentissent dans les Aurès d'Algérie. Le talent de Benjamin Stora nous fait vivre les dernières heures cruciales de l'Algérie française en un récit âcre et mélancolique, mélange d'immaturité et d'inaccompli pour les Européens d'Algérie, de rage et d'espoir pour les colonisés.

- Benjamin Stora, Algérie 1954 - Une chute au ralenti, Éditions de l'Aube, 2011.

Comment de Gaulle a perdu la guerre d'Algérie


Comment le FLN a-t-il fait, alors que ses troupes étaient écrasées par l'armée française, pour amener de Gaulle et le gouvernement de la France à accepter l'indépendance ? La réponse se trouve bien au-delà des frontières de l'Algérie, car c'est sur la scène internationale que les nationalistes ont livré leurs combats les plus décisifs.

Leurs meilleures armes furent psychologiques et médiatiques. Rapports sur les droits de l'homme, conférences de presse, congrès de la jeunesse, etc., furent utilisés pour alerter l'opinion mondiale et invoquer les lois internationales dans un contexte qui était également celui de la guerre froide. Soutenus par des pays aussi divers que l'Arabie Saoudite et la Chine communiste, les Algériens finirent par rallier une majorité contre la France aux Nations unies.

Ainsi vinrent-ils à bout d'un président et d'un gouvernement désormais obsédés par l'impact de la guerre sur la réputation de leur pays à l'étranger. Un exemple pionnier qui allait inspirer l'OLP d'Arafat, ou encore l'ANC de Mandela...

- Matthew Connelly, L'arme secrète du FLN. Comment de Gaulle a perdu la guerre d'Algérie, Editions Payot, 2011.

Matthew Connelly est professeur d'histoire à Columbia University. Il est considéré comme l'un des historiens les plus doués de sa génération. Son livre a déjà reçu cinq prix depuis sa parution.


jeudi 17 mars 2011

Albert Camus, L'écriture des limites et des frontières


Pour commémorer l'obtention par Camus du prix Nobel de littérature en 1957, de nombreux chercheurs de tous horizons se sont réunis à Tunis cinquante ans après, à l'initiative de l'Unité de recherche Poétique théorique et pratique, avec le concours de l'École Normale Supérieure de Tunis, de l'Institut Supérieur des Sciences Humaines de Tunis et de l'Institut Supérieur des Études appliquées en Humanités de Zaghouan.

Les échanges visaient à explorer la question des limites et des frontières dans la pensée, l'esthétique et l'écriture d'Albert Camus. L'oeuvre camusienne pratique en effet constamment le chevauchement des genres en se jouant de leurs marges et de leurs codes. Elle se fonde sur des points de tension entre plusieurs pôles opposés, plusieurs claviers énonciatifs et donne à lire des textes hybrides qui sont refus du sens unifié et réducteur.Cet ouvrage rassemble les études échangées qui, privilégiant les champs de la poétique et de la stylistique sans que cela exclue les éclairages philosophiques, portent sur les brouillages de frontières génériques et esthétiques, l'« expérience » des limites, l'hybridation d'une telle œuvre. Il incite à repenser le texte camusien dans le sens d'une poétique générale qui pose la question du style et du lien entre esthétique et vision du monde.

La collection « Entrelacs » a l'ambition de resserrer les fils du dialogue ininterrompu entre chercheurs en lettres et sciences humaines de France et du Maghreb, et d'assurer la meilleure diffusion aux résultats les plus remarquables de ce dialogue. Sud Éditions et les Presses universitaires de Bordeaux, avec l'appui du service de coopération et d'action culturelle de l'Ambassade de France en Tunisie, souhaitent ainsi illustrer la vitalité du « français en partage » sur les deux rives de la Méditerranée.

- Mustapha Trabelsi, Albert Camus, L'écriture des limites et des frontières, Presses universitaires de Bordeaux, 2010.

lundi 28 février 2011

Putsch d'Alger

À la lumière des archives inédites récemment déclassées, l'auteur raconte le putsch d'Alger en avril 1961 et la manière dont de Gaulle réussit à réduire les généraux français qui voulaient renverser le pouvoir. Un récit passionnant.

- Maurice Vaïsse, Comment de Gaulle fit échouer le putsch d'Alger, Éditions André Versaille, mars 2011.

Le monde vu de la plus extrême droite

Dès l'origine, les mouvements fascistes connaissent une marge qui se veut européenne et socialiste. N'ayant pu jouir du pouvoir, ayant souvent été éliminée, elle a toutefois su inventer des discours et des idées pour la construction d'une Europe nationaliste. Ceux-ci ont largement contribué à la formation de la propagande des Etats fascistes après 1942, mettant en exergue l'édification d'un " Nouvel ordre européen ". Après la Seconde Guerre mondiale, et particulièrement avec la phase de décolonisation, puis post-1968, le néo-fascisme a redéployé ces éléments dans le cadre de ce qu'il est convenu d'appeler le nationalisme-révolutionnaire.Ayant placé l'unité européenne en horizon d'attente, ces fascistes œuvrent à la constitution d'une action et d'une idéologie internationales. Ils participent dès lors à de nombreux champs politiques, nationaux et internationaux, et y entreprennent des tactiques différentes de l'un à l'autre. Leurs idées européistes les entraînent ainsi non seulement dans une élaboration post-moderne du politique, n'hésitant pas à puiser aussi bien dans les signes gauchistes que moyen-orientaux, mais les poussent à des réorientations géopolitiques éclairant l'évolution du monde des lendemains de la Première guerre mondiale à ceux du 11 septembre. De là, ce sont l'histoire et la nature du phénomène fasciste qui sont revisitées.

Cet ouvrage s'appuie avant tout sur une documentation inédite : les archives internes des mouvements néo-fascistes et des documents des services de police, essentiellement des Renseignements Généraux. Il reprend des éléments de la thèse de Nicolas Lebourg d'histoire contemporaine soutenue à l'Université de Perpignan-Via Domitia.

- Nicolas Lebourg, Le monde vu de la plus extrême droite - Du fascisme au nationalisme-révolutionnaire, Editions PU Perpignan, décembre 2010.

mercredi 23 février 2011

Pensée coloniale 1900

Mil neuf cent (revue d'histoire intellectuelle) se donne pour ambition l'exploration de l'histoire intellectuelle au tournant du siècle. Les numéros, annuels, sont organisés autour d'un thème et comportent des documents inédits (correspondances, etc.).

http://www.revue1900.org

- Pensée coloniale 1900, N° 27, 2009.

Les enfants d'Yishmaël


À partir du dépouillement systématique des documents littéraires et rabbiniques de la famille Cohen-Tanoudji, Denis Cohen-Tannoudji brosse un tableau historique des Juifs maghrébins du Moyen Âge à nos jours. Ainsi, non content de mettre en lumière l'unité spatio-temporelle du monde séfarade, il modifie, grâce à ses recherches dans des archives anonymes, nos perceptions mémorielles collectives. De la persécution des Juifs par les Almohades (en 1147) au traumatisme de la décolonisation (en 1962), en passant par l'expulsion d'Isabelle la Catholique (en 1492) et l'onde de choc de la colonisation (à partir des années 1830), il présente l'Histoire des Juifs séfarades maghrébins de façon vivante : du fait de la longévité du marqueur patronymique à travers le temps, son travail donne une profondeur historique relativement inédite.

- Denis Cohen-Tannoudji, Les enfants d'Yishmaël. Itinéraires séfarades maghrébins du Moyen Age à nos joursessai historique, Editions Hermann, 2010.

samedi 15 janvier 2011

Ecrire et publier la guerre d'Algérie


Guerre « sans nom » et « sans images », la guerre d’Algérie ne fut pourtant pas malgré la surdité ambiante une guerre sans mots. Depuis plus d’un demi-siècle, l’innommable et la honte ont soulevé des voix, dans la génération des pères comme dans celle des fils, et ce livre se propose d’en révéler l’abondance et la diversité. D’éclat en éclat de ce parcours kaléidoscopiques, le lecteur pourra retrouver les multiples chemins par lesquels cette guerre avec insistance nous concerne.

Dans l’urgence, durant la guerre elle-même, nombre d’intellectuels et d’écrivains interviennent par la presse et dans le livre. Chacune des études proposées ici examine la manière dont se noue ou se renoue le lien entre poétique et politique : les uns, tel Mauriac, inventent, d’autres, tel Sénac,c herchent à se réapproprier un héritage de la guerre précédente. Bien des questions (celle de la langue, celle de l’horreur, celle de la honte et du silence des pères) lient une guerre et une littérature à l’autre.

On les retrouve dans la seconde partie de l’ouvrage, consacrée aux résurgences de la guerre d’Algérie dans la littérature « d’après », spécialement celle des années 80 à nos jours. Une guerre hante l’autre, sans que cela autorise à parler, au singulier, d’une littérature de la guerre d’Algérie.Chercheurs et écrivains tentent de définir ces littératures d’une guerre qui reprend voix à travers lar electure de ces textes.

- Thomas Augais, Mireille Hilsum, Chantal Michel,
Ecrire et publier la guerre d'Algérie. De l'urgence aux résurgences, Editions Kimé, 2011.

La construction du discours colonial

La question de la colonisation est redevenue un enjeu d'actualité et l'objet d'une demande sociale. Les controverses actuelles s'inscrivent dans des continuités qui expliquent souvent leur acuité, sans qu'il soit nécessaire d'aller chercher des " vérités cachées ". Par delà les polémiques du moment, l'ouvrage propose de suivre l'élaboration de cette histoire des relations contemporaines entre la France et les mondes extra- européens.

Oissila Saaïdia, agrégée de l'Université en histoire et docteur en histoire contemporaine, est maître de conférences en histoire contemporaine à l'Université de Strasbourg et membre du LARHA (équipe Religions, sociétés et acculturation).
Laurick Zerbini est maître de conférences en histoire de l'art africain à l'Université Lumière Lyon 2 et membre du LARHRA.

- Oissila Saaïdia et Laurick Zerbini (dir.),
La Construction du discours colonial : l'Empire français aux XIXe et XXe siècles, Paris, Karthala, 2009, 252 p.

mercredi 12 janvier 2011

Décoloniser l´histoire ?

-Colette Zytnicki, "'La maison, les écuries'. L'émergence de l'histoire coloniale en France (des années 1880 aux années 1930)"

-Jacques Cantier, "Histoire et historiens de l'Algérie. Une tentative de synthèse sur l'historie coloniale au tournant des années 1930"

-Marie-Albane de Suremain, "L'histoire coloniale dans le Bulletin du Comité d'études historiques et scientifiques de l'AOF-IFAN, 1916-1960"

-Anne Pirou, "Intellectuels colonisés et écriture de l'histoire en Afrique de l'Ouest (c.1920-c. 1945)"

-Jacques Alexandropoulos & Christophe Picard, "'Orient' et 'Occident' dans l'historiographie du Maghreb, de la période coloniale à l'époque actuelle"

Guy Pzervillé, "La production de l'histoire de l'Algérie, en Algérie et en France, après la décolonisation"

-Sophie Dulucq, "Décoloniser l'histoire de l'Afrique: une impossible entrteprise? L'exemple de 'l'école historique d'Ibadan' (Nigéria)"

-Michel Bertrand, "Ecrire l'histoire, fonder la Nation: héros et conscience nationale dans le Mexique du 19e siècle"

-Richard Marin, "Zumbi de Palmares, nouveau héros du panthéon civique brésilien?"

-Daniel Nativel, "L'historien et le défi des mémoires à Madagascar. Construction de l'objet et demande sociale"

- Sophie DULUCQ & Colette ZYTNICKI (dir.), Décoloniser l´histoire ? De l´histoire coloniale aux histoires nationales en Amérique latine et en Afrique (XIXe-XXe siècles), SFHOM, 2003.

samedi 1 janvier 2011

2011


L'équipe du magazine web
"Entre Algérie et France" vous souhaite
une bonne et heureuse année 2011