dimanche 27 juin 2010

Autopsie d'une guerre

"L'Algérie, pays mal aimé, ballotté par le vent des passions humaines, fut meurtrie, appauvrie, mutilée. Après le drame de la guerre, les musulmans connaîtront celui du vide et de la solitude. La communauté française, à cause des erreurs qu'elle a commises, s'est exilée de l'autre côté de la Méditerranée. Malgré l'accueil de la France, ces Français pleurent le pays qui les a vu naître. Les Algériens, de leur côté, pleurent un grand nombre d'entre eux. D'autres cadres sont venus de toute l'Europe. Ces cadres ne valent pas ceux que l'Algérie a perdus. L'Algérie est un vaste pays où beaucoup de choses restent à faire. Tous ses enfants y avaient leur place. La République algérienne, édifiée par les uns et les autres, pouvait dans les meilleures conditions, multiplier les richesses du pays, assurer son développement et sa prospérité et guérir ses blessures. Ces Français qui avaient grandi au milieu de nous et qui étaient aussi Algériens que nous, étaient un maillon qui rattachait notre pays à la civilisation et à la technique française. Nous, Musulmans, étions un autre maillon qui liait ce même pays à l'Orient et à l'Afrique. Nos chances de succès étaient doubles."

Ferhat Abbas, Autopsie d'une guerre : L’aurore. Garnier Frères, 1980.

dimanche 20 juin 2010

MESSALI HADJ

Algérie, la fin de l'amnésie

Véritable somme consacrée à la guerre d'Algérie, ce livre rassemble les travaux de plus de vingt historiens. Pour la première fois contribuent ainsi côte à côte des historiens français et algériens, qui reviennent sur les principaux acteurs du conflit, sans laisser dans l'ombre les sujets de controverses -conflit entre le FLN et messalistes du MTLD, massacres de harkis. Cet ouvrage éclaire aussi des points moins connus de l'histoire de la guerre d'Algérie, comme le rôle des femmes ou encore les luttes d'influence à l'intérieur de l'armée française. Enfin, il accorde une place substantielle à l'étude des expressions culturelles suscitées par la guerre, à l'institution des mémoires, au chantier des archives.

- Mohammed Harbi, Benjamin Stora, La guerre d'Algérie (1954-2004) - la fin de l'amnésie, Hachette littératures, 2005.

Ancien membre du FLN, Mohammed Harbi est historien et a été professeur à l'université Paris VIII. Il a consacré de nombreux ouvrages à l'histoire du FLN. Benjamin Stora est spécialiste de l'histoire de la guerre d'Algérie et de sa mémoire. Il est professeur à Paris XIII.

Jules Ferry contre Georges Clemenceau

Lors du débat public des années 2000 en France sur la question coloniale, on a souvent oublié que la République n'a jamais été vraiment unanime sur ce sujet. Ainsi, en 1885, quand certains républicains ont repris à leur compte l'idée monarchique de conquête coloniales, cela a donné lieu à des affrontements passionnés à la Chambre des députés, à l'issue desquels le projet colonial ne s'est imposé que de justesse. D'où l'intérêt majeur aujourd'hui de relire les formidables débats parlementaires de juillet et décembre 1885, lors du vote de crédits pour la poursuite de la conquête de Madagascar et de l'Indochine. L'historier Gilles Manceron en propose ici une sélection raisonnée, assortie d'une introduction les remettant en perspective. Quand Jules Ferry défend l'idée d'une " colonisation républicaine " au nom du droit des " races supérieures vis-à-vis des races inférieures ", Jules Maigne, un vieux républicain de 1848. lui réplique " Vous osez dire cela clans le pays où ont été proclamés les droits de l'homme ! " Et Georges Clemenceau : "Je ne comprends pas que nous n'ayons pas été unanimes ici à nous lever d'un seul bond pour protester violemment contre vos paroles!"

Gilles Manceron, historien, est vice-président de la Ligue des droits de l'homme. Il est l'auteur de nombreux ouvrages, dont D'une rive à l'autre. La guerre d'Algérie de la mémoire à l'histoire (avec Hassan Remaoun, Syros, 1993) et Marianne et les colonies. Une introduction à l'histoire coloniale de la France (La Découverte, 2003).

- Gilles Manceron, 1885 : le tournant colonial de la République : Jules Ferry contre Georges Clemenceau, et autres affrontements parlementaires sur la conquête coloniale, Editions La Découverte, 2007.

Géographes en Algérie (1880-1950)

Dans le singe d'Edward W. Said qui définissait l'impérialisme comme un " acte de violence géographique, par lequel la quasi-totalité de l'espace mondial est explorée, cartographiée et finalement annexée ", la géographie est apparue comme la discipline de l'impérialisme par excellence. Du au milieu du xxe siècle, les savoirs sur l'espace ont été indéniablement des instruments puissants de la conquête puis du contrôle social des territoires non européens, mais cette évidence a conduit à une analyse souvent très réductrice de leurs contenus. L'auteur opère une mise en relation des discours savants, des conditions institutionnelles de leur production et de leur circulation entre colonie et métropole, ainsi que des contextes politiques et des pratiques concrètes de leur mise au service du pouvoir. Très loin d'une réhabilitation de la géographie coloniale française, l'ouvrage met au jour les logiques contradictoires au coeur des savoirs universitaires et dévoile ainsi les visages multiples de la domination.

- Florence Deprest, Géographes en Algérie (1880-1950) - Savoirs universitaires en situation coloniale, Belin, 2009.

Florence Deprest est professeur des universités et enseigne la géographie à Bordeaux 3. Ses recherches récentes portent sur la construction des savoirs géographiques en situation coloniale et impériale, et tout particulièrement sur les représentations savantes de la Méditerranée occidentale.

Salan, délégué général en Algérie

Après l'investiture de De Gaulle comme président du Conseil, le général Salan est confirmé dans ses fonctions de délégué général du gouvernement en Algérie. Pendant quelques mois, il s'efforce de poursuivre la lutte contre la guerre subversive du FLN, en l'appuyant par les réformes qu'avait initiées le ministre Robert Lacoste avant le 13 mai 1958. Il s'agit de multiplier les signes de l'intégration de l'Algérie dans la France métropolitaine par la réforme des collectivités territoriales, par le collège électoral unique, par le vote des femmes musulmanes et enfin par l'élection des députés. Seule une politique dynamique de développement économique pourra faire reculer la pauvreté et permettre l'émergence d'une " nouvelle élite " musulmane attachée à la France. Mais le gouvernement ne le suit pas. C'est ce que révèlent les archives du général Salan, au travers desquelles on assiste à la rapide distorsion entre les objectifs officiels du délégué général et les ambiguïtés de l'entourage du chef du gouvernement.

Jacques Valette, Salan, délégué général en Algérie - La fin de l'illusion, L'Esprit du Livre, 2010.

jeudi 3 juin 2010

L'Algérie à travers...

Plus de 700 cartes postales anciennes témoignent de la vie en Algérie au début du XXe siècle. Découvrez, au fil des pages de l'Algérie d'antan, des cartes uniques qui, pour certaines, n'ont encore jamais été publiées. Un voyage inoubliable à travers tout le pays, d'Alger la blanche à la Kabylie, des territoires du Sud à Constantine, d'Oran à Tlemcen et aux portes du désert.

Philippe Lamarque, L'Algérie d'Antan : l'Algérie à travers la carte postale ancienne, HC Editions, 2006.

Des Européennes en situation coloniale - Algérie 1830-1939

Malgré le grand nombre de femmes européennes qui ont vécu en Algérie, l'histoire de l'Algérie coloniale est restée jusqu'ici une histoire quasiment asexuée. A partir de sources diversifiées, cet ouvrage, qui est l'adaptation d'une thèse soutenue en 2005 sous la : direction de Geneviève Dermenjian, tente de combler cette lacune en évoquant les conditions d'immigration de ces femmes, leur place, leur rôle de 1830 à 1939. Parler des femmes c'est aussi parler des hommes tant les identités sexuées des unes et des autres ; sont imbriquées dans un système hiérarchique de complémentarité et de dépendance qui dut trouver, sa place dans l'ordre colonial dominant.Cette étude est une réflexion sur la complexité des rapports sociaux dans l'Algérie coloniale. Elle apporte à la connaissance de l'histoire de la colonisation un éclairage nouveau, celui du genre.

Claudine Robert-Guiard, Des Européennes en situation coloniale - Algérie 1830-1939, Université de Provence, 2009