jeudi 31 décembre 2009

Aminatou Haidar hospitalisée, la solidarité doit s’amplifier...

Suite à son expulsion du Sahara occidental par les autorités marocaines, Aminatou Haidar a entamé une grève de la faim illimitée le 15 novembre dans l’aéroport de Lanzarote (Canaries). La courageuse militante a été hospitalisée ce matin. La solidarité internationale doit s’amplifier.

Le 13 novembre, celle qu’on appelle la Gandhi Sahraouie revenait des États-Unis (où elle a reçu le prix du Courage Civil pour la lutte non-violente qu’elle mène en faveur du droit à l’autodétermination du peuple sahraoui) quand les autorités marocaines l’ont expulsée du Sahara Occidental.

Depuis le 15 novembre, elle mène une grève de la faim illimitée avec une seule idée en tête : « Je rentrerai chez moi vivante ou morte ». Plus d’un mois après le début de cette action extrême, la détermination de la militante sahraouie inspire le respect et inquiète ses proches. Aminatou Haidar ne buvait jusqu’alors que de l’eau sucrée et refusait toute aide médicale. Ce matin, après avoir vomi du sang, elle a été hospitalisée. En Espagne, en Italie, en France et un peu partout dans le monde, la solidarité s’amplifie pour éviter un drame.

« La communauté internationale ne doit pas laisser Aminatou Haidar seule dans son combat », a affirmé Jean-Paul Lecoq, député-maire communiste de Gonfreville l’Orcher (Seine-Maritime) lors de la Conférence internationale des villes jumelées et solidaires avec les villes du Sahara occidental qui s’est tenue à Alger, du 11 au 13 décembre. « Nous ne pouvons pas laisser Aminatou Haidar, qui est en danger de mort, seule dans sa grève. Elle mène ce combat au nom de tout un peuple. Pour la soutenir, il faut que les mairies mettent des affiches d’Aminatou Haidar de la même façon que certaines mairies affichent les photos de Gilad Shalit ou de Salah Hamouri. »

De retour en France, Jean-Paul Lecoq a interpellé Bernard Kouchner à l’Assemblée nationale lors de la séance qui se tenait le 16 décembre. « Monsieur le ministre des Affaires étrangères, je vais utiliser les trente secondes qui me restent pour saluer le courage d’une grande dame aujourd'hui déportée, dont le seul crime est d'avoir respecté les résolutions des Nations unies en indiquant le nom de son pays sur sa carte de débarquement alors qu'elle rentrait des États-Unis où elle a reçu un prix récompensant son combat pacifique pour le respect du droit international. Elle s'appelle Aminatou Haidar et son pays, le Sahara occidental, est actuellement occupé par le Maroc. Allez-vous la laisser mourir de sa grève de la faim à l’aéroport de Lanzarote ? »

L’intervention, lancée au cœur d’un débat déjà houleux sur la situation en Afghanistan, a essuyé diverses « exclamations » sur les bancs du groupe UMP. Éric Raoult déclara ces propos hors sujet et scandaleux... « Le défenseur du concept d'ingérence humanitaire que vous êtes ne se doit-il pas d’intervenir ?, lui répliqua Jean-Paul Lecoq. Pour construire la paix en Afghanistan et ailleurs, il importe que la communauté internationale soit crédible. Aussi faut-il d'urgence cesser l'application à deux vitesses des résolutions des Nations unies, que ce soit pour les Palestiniens ou les Sahraouis. La France est grande dans le monde, non lorsqu’elle fournit des militaires, mais lorsqu'elle a le courage politique de défendre ses valeurs fondamentales. » Curieusement, les paroles de Jean-Paul Lecoq sur Aminatou Haidar n’ont pas capté l’attention des médias français, alliés fidèles de « notre ami le roi ».

Pour soutenir l’action d’Aminatou Haidar, des villes commencent à afficher des portraits géants de la Pasionaria sahraouie. À Naples, une immense bâche couvre la façade de l’Hôtel de Ville. La ville de Gonfreville l’Orcher a installé un grand poster dans un planimètre proche de son espace culturel. D’autres villes (Rezé, Le Mans, Bègles...) l’imitent. Par tous les moyens, il est important de briser le silence et d’agir pour qu’Aminatou Haidar retrouve, vivante, les siens au Sahara Occidental.

Informations sur la campagne de solidarité auprès de l’association des Amis de la République Arabe Sahraouie Démocratique (AARASD) en écrivant à bur.aarasd@wanadoo.fr

Paco, 17 décembre 2009

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Après 32 jours de grève de la faim, le Maroc, sous une forte pression internationale, a laissé Aminatou Haidar, défenseure Sahraouie des Droits de l’Homme, rentrer le 18 décembre à El Aaiun, au Sahara Occidental. Depuis, elle est assignée à résidence, dans un quartier quadrillé par la police marocaine où toute visite (même de la presse internationale) lui est interdite.

Camus, une passion algérienne

De Bône où il naquit, à Oran, ville-symbole de La Peste, d’Alger à Tipasa, qu’il chanta dans Les Noces, Camus a tracé, de livre en livre, de combat en combat, un itinéraire algérien. Cinquante ans après sa mort, Stéphane Babey a mis ses pas dans ceux de Camus, non point à sa recherche, mais à sa rencontre, tellement il se sent proche de lui, par son oeuvre comme par son ascendance algéroise. Livre de ferveur, livre de gratitude, CAMUS, une passion algérienne illustre ce mot de l’auteur du Mythe de Sisyphe : « Les hommes se jugent aux fidélités qu’ils suscitent. »

Stéphane Babey est journaliste et a publié plusieurs romans dont "L’Inconnu d’Alger".

Stéphane Babey, L'Algérie de Camus, éditions Nouveaux Loisirs, 2010

samedi 26 décembre 2009

Les Pieds-Noirs et la Politique

Rencontre Cevipof (Centre de Recherches Politiques de Sciences Po), Jeudi 7 janvier 2010 de 17h00 à 19h00.

Débat autour de l’ouvrage d’Emmanuelle Comtat, Les Pieds-Noirs et la Politique.

Avec Emmanuelle Comtat, chercheuse associée, IEP de Grenoble, Benjamin Stora, professeur des Universités, Paris XIII et Daniel Lefeuvre, professeur d’histoire économique et sociale, Paris VIII. Pascal Perrineau, directeur du Cevipof, animera le débat.

Cevipof – salle G. Lavau – 98, rue de l’Université – Paris 7e
Inscription obligatoire : marcelle.bourbier@sciences-po.fr

Une histoire de l'Algérie coloniale

Lorsque les Français débarquent à Sidi-Ferruch, en 1830, ils sont loin de se douter que cette terre inconnue à l'assaut de laquelle ils s'élancent va soulever des tourbillons de passions et devenir, 130 ans durant, l'un des enjeux majeurs de la politique nationale. Et d'abord, que faire d'un pays conquis sur un coup de tête et de dés ? D'un pays où, jusqu'en 1850, la maladie et les guerres dévorent des milliers d'hommes ? Il faut attendre 1870 pour que la formule " l'Algérie c'est la France " s'impose avec force. Les passions françaises y trouvent dès lors un écho exacerbé. Les Français y seront plus français que ceux de métropole, plus patriotes, plus généreux de leur sang ou, le cas échéant, plus antisémites qu'eux. Quant aux Arabo-Berbères, ils ont longtemps attendu, dans un silence brisé par des révoltes sporadiques. On les considérait comme de " grands enfants " assoupis, dominés par le fatalisme et incapables de " s'en sortir " à l'écart de la " mission civilisatrice " de la France. En 1954, le réveil n'en sera que plus brutal. Mais dès 1940, l'Algérie française est morte. Un pays vaincu ne peut plus être une puissance coloniale dans un monde balayé par un mouvement général d'émancipation. Pierre Darmon a croisé les sources, multiplié les points de vue, allié l'analyse de fond économique et sociale au déroulement des événements et au récit des hommes et de la vie quotidienne avec ses bruits, ses couleurs et son atmosphère si particulière. Au fil des pages se dessinent ainsi tous les aspects d'une Algérie ardente et violente, injuste et séduisante, déchirée par les passions mais porteuse d'espérance, de mythes et d'amour.

Ancien directeur de recherche au Centre Roland Mousnier (Paris-IV) et docteur ès lettres, Pierre Darmon, né à Oran, est spécialiste d'histoire de la médecine. Il est l'auteur d'ouvrages sur la variole, le cancer, les maladies épidémiques, la médecine légale et le milieu médical de la Belle Epoque. On lui doit aussi plusieurs romans et récits (Gabrielle Perreau femme adultère, La Malle à Gouffé, La Rumeur de Rodez, Landru...)

Pierre Darmon, Un siècle de passions algériennes : Une histoire de l'Algérie coloniale (1830-1940) , Fayard, 2009

mardi 22 décembre 2009

La France en guerre


Cerner au plus près le vécu de la guerre d'indépendance algérienne en métropole, voici l'objet de cet ouvrage. Par des événements touchant leurs familles, leurs activités professionnelles, culturelles, militantes ou citoyennes, comment ceux qui habitaient en métropole, Français et migrants venus d'Algérie, ont-ils vécu et connu cette guerre? Quelles ont été les manifestations du conflit sur le terrain métropolitain? Quelles en ont été les répercussions locales? Le rôle de l'espace métropolitain, jusque-là peu présent dans la recherche, mérite en effet d'être réévalué, sans se limiter à l'image d'une base arrière du nationalisme algérien, siège d'une intense bataille de l'écrit. Surtout, le regard, trop souvent limité à Paris et sa région, doit être déplacé vers l'ensemble du pays.
Délaissant une analyse des décisions politiques parisiennes ou une démarche de synthèse à l'échelle nationale, l'ambition est de donner à voir les expériences de la guerre au quotidien, dans leur diversité. Fondées principalement sur les archives départementales, les contributions rassemblées ici dessinent une nouvelle histoire de la guerre d'indépendance algérienne, ouvrant ainsi des perspectives renouvelées à la recherche. Comprendre comment les habitants de métropole vécurent la guerre, c'est aussi saisir la place que ces événements eurent dans leurs vies, et ensuite, peut-être, dans leurs mémoires.

Raphaëlle Branche, Sylvie Thénault, Marie-Claude Albert, Linda Amiri, La France en guerre 1954-1962 - Expériences métropolitaines de la guerre d'indépendance algérienne, Editions Autrement, 2008

Un siècle d'images (1850-1950)


Les rapports de l'imaginaire français avec l'Algérie coloniale ont souvent été affaire de représentation et de regard. Tableaux, gravures, photographies, caricatures, cartes postales, récits de voyage - divers dans leur forme comme dans leurs intentions - se sont multipliés. Ce regard a évolué avec le temps : d'un orientalisme romantique à la description minutieuse, parfois ambiguë, voire méprisante, de la vie quotidienne, les documents présentés couvrent une histoire mouvementée qui commence plus d'un siècle avant le début de la guerre, le 1er novembre 1954.

Cet ouvrage donne à voir la rencontre de ces peuples qui ont fait l'Algérie à l'époque coloniale, et dont la confrontation fut chargée d'inégalités et de violences mais aussi riche de contacts et d'échanges. Les communautés, les villes, les campagnes, les religions, les femmes, les sociabilités et, enfin, les liens et les ruptures sont successivement étudiés ; de courtes présentations resituent les documents dans leur contexte, un décryptage nécessaire pour appréhender la réalité de l'époque et la manière dont elle était exprimée. Les très nombreuses illustrations offrent une variété de points de vue rarement proposée.

Feriel ben Mahmoud est historienne et réalisatrice de films documentaires pour la télévision. Elle a déjà publié aux éditions Place des Victoires : Bat d'Af, la légende des mauvais garçons (2005), Voyage dans l'empire colonial français (2007), Voyage en Orient (avec Nicolas Daniel, 2008). Michèle Brun, Constantinoise, collectionneuse et chercheuse passionnée, a été professeur d'histoire et a vécu trente-cinq ans au Maghreb.

Feriel Ben Mahmoud, Michèle Brun, L'Algérie au temps des français - Un siècle d'images (1850-1950), Editions Place des Victoires, 2009

Les valises sur le pont


Entre les accords d'Evian, le 18 mars 1962, et l'indépendance de l'Algérie, le 5 juillet, plusieurs centaines de milliers d'hommes, de femmes et d'enfants ont quitté l'Algérie pour la France. La plupart ont emprunté la mer. Les paquebots de la Compagnie générale transatlantique, de la Compagnie de navigation mixte, et bien d'autres, ont participé à cet exode réalisé dans l'urgence. C'est un immense déplacement de population, le dernier que la France ait connu. Dans ce livre, les auteurs évoquent la traversée maritime vécue comme un moment transitoire, fait de tristesse, d'appréhension, de peur, et aussi comme un moment de répit avant d'entamer une nouvelle vie dans un pays que certains ne connaissent pas encore.

Sous la direction de Christelle Harrir, Jean-Jacques Jordi et Aymeric Perroy, les auteurs de ces mémoires sont des historiens de renom et des membres de l'association French Lines chargée de la mise en valeur du patrimoine des compagnies maritimes françaises.

Jean-Jacques Jordi , Christelle Harrir , Aymeric Perroy, Les valises sur le pont - Mémoire du rapatriement maritime d'Algérie - 1962, Marines Editions, 2009

dimanche 13 décembre 2009

Todd Shepard


La guerre d'Algérie nous parle de la France d'aujourd'hui, en particulier des questions d'identité et de citoyenneté, mais aussi celles des rapatriés, de l'immigration, de la mémoire et de la réconciliation. C'est ce que montre ce livre salué par les historiens et qui devrait donner à réfléchir. Todd Shepard y explique, entre autres, comment la Vème République, à ses débuts, s'est appuyée sur la guerre d'Algérie pour restreindre durablement les libertés individuelles ; et comment l'histoire de l'impérialisme et de l'anti-impérialisme français a été réécrite par l'administration, les politiciens et les journalistes pour présenter la décolonisation comme une «fatalité», un mouvement inévitable, au lieu de dire qu'elle marquait l'échec du projet originel d'intégration nationale dans les colonies.

Todd Shepard, né en 1969, est maître de conférences (Associate Professor) à la Johns Hopkins University, aux États-Unis. Son livre a déjà reçu deux prix : celui du meilleur livre en anglais sur l'histoire de la France (prix J. Russell Major, décerné par l'American Historical Association en 2006) et celui du meilleur livre publié depuis deux ans sur l'Europe (prix du Council of European Studies, décerné en 2008). Fin 2007, Todd Shepard a été cité par le History News Network comme l'un des jeunes historiens américains les plus prometteurs du moment.

Todd Shepard, 1962, Comment l’indépendance algérienne a transformé la France, Payot, 2008.

samedi 5 décembre 2009

EL CASAL DE L'ALBERA


Conférence-dédicace, propopsée par El Casal de l'Albera, de Philippe Bouba : "L'arrivée des Pieds-Noirs en Roussillon en 1962".
Salle Buisson - Allée Ferdinand Buisson
Argelès-sur-Mer (Pyrénées-Orientales)
Samedi 12 décembre à 17h00 - Entrée libre