"L'Algérie, pays mal aimé, ballotté par le vent des passions humaines, fut meurtrie, appauvrie, mutilée. Après le drame de la guerre, les musulmans connaîtront celui du vide et de la solitude. La communauté française, à cause des erreurs qu'elle a commises, s'est exilée de l'autre côté de la Méditerranée. Malgré l'accueil de la France, ces Français pleurent le pays qui les a vu naître. Les Algériens, de leur côté, pleurent un grand nombre d'entre eux. D'autres cadres sont venus de toute l'Europe. Ces cadres ne valent pas ceux que l'Algérie a perdus. L'Algérie est un vaste pays où beaucoup de choses restent à faire. Tous ses enfants y avaient leur place. La République algérienne, édifiée par les uns et les autres, pouvait dans les meilleures conditions, multiplier les richesses du pays, assurer son développement et sa prospérité et guérir ses blessures. Ces Français qui avaient grandi au milieu de nous et qui étaient aussi Algériens que nous, étaient un maillon qui rattachait notre pays à la civilisation et à la technique française. Nous, Musulmans, étions un autre maillon qui liait ce même pays à l'Orient et à l'Afrique. Nos chances de succès étaient doubles."
Ferhat Abbas, Autopsie d'une guerre : L’aurore. Garnier Frères, 1980.
1 commentaire:
"La communauté française, à cause des erreurs qu'elle a commises, s'est exilée de l'autre côté de la Méditerranée." Farhat Abbas était un homme modéré mais pas toujours objectif. Certes, la communauté pied-noir, dont je fais partie, a bien commis des erreurs mais il ne faut pas oublier les attentats aveugles du FLN. Il ne faut pas oublier par exemple la tuerie d'El-Halia. L'autre côté de la Méditerranée ne doit pas se leurrer. Même sans l'OAS nous aurions été dans l'obligation de partir. Ce départ aurait été moins traumatisant et plus étalé dans le temps mais il y aurait eu lieu tout de même. Car le droit coranique est incompatible avec nos valeurs républicaines. Et Farhat Abbas n'évoque pas le code de la nationalité algérienne de 1963 où il fallait être absolument musulman pour être algérien. Le combat du FLN, il faut l'affirmer haut et fort, était également xénophobe. Nous n'avions pas, loin d'en faut, le monopole du racisme.
Vincent Lajaro.
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