De Gaulle massacra les Harkis
« Avis à la population : demande à haut-commissaire de rappeler que toute initiative individuelle tendant à installation métropole Français musulmans est strictement interdite ». Ces quelques mots appartiennent à ce cher Louis Joxe, ministre des Affaires algériennes lors des événements d’Algérie.
La France, patrie des droits de l’homme et pays des Lumières est alors dirigée par quelques personnes bienveillantes du sort de la population française présente depuis 1830 en Algérie. Alors que De Gaulle et ses acolytes discutent du sort des pieds noirs, envisageant même un exil vers l’Amérique du Sud ou la Nouvelle Calédonie de cette population trop encombrante pour le devenir du magnifique général, les harkis, quant à eux, ne bénéficient pas d’un aller gratuit vers des tropiques, mais tout simplement d’un abandon pur et simple de la part d’un pays pour lequel ils se sont voués corps et âme. La généreuse nation française leur propose son plus beau cercueil en guise de récompense de leur engagement. « Les harkis... ce magma qui n’a servi à rien et dont il faut se débarrasser sans délai », lance le Résistant De Gaulle, sans aucun scrupule... La France et ses politiques avaient connaissance des massacres de harkis, musulmans engagés dans l’armée française, en Algérie et elle a laissé faire. C’est ça la France.
« Moze » est l’un d’entre eux. Un homme tué par la France. Un crime d’Etat. Un homme déchiré, sans patrie, un traître. Moze était son père, un père vivant, mais bel et bien mort. Tout au long de son livre, Zahia Rahmani, la fille de harki née en Algérie durant l’année 62, nous plonge dans l’existence d’un homme sacrifié par la France, un « mort obligé ». Par une écriture nette, précise, et concise, l’auteur nous fait part d’une vérité que l’on n’ose à peine croire. La lecture des quelques 188 pages nous emplit de douleur, de déchirures et de doutes. Arrivé en France en 1967, après avoir échappé aux massacres de harkis en Algérie, Moze n’est plus rien. « Français depuis 1900, mais on vous laisse, on n’en veut plus ». Moze n’a plus d’identité. Il n’est plus français, et il est étranger à la nation algérienne. Il n’est et ne sera plus rien durant toute sa vie.
Oppressant, angoissant, déchirant, « Moze » est Le récit à mettre entre toutes les mains afin que l’histoire qu’a connu et qu’a subit le peuple harki soit mise au grand jour et ne soit pas mis au placard comme ils ont été parqués dans les camps lors de leur rapatriement en France.
- Georges-Marc Benamou « Un mensonge français. Retour sur la guerre d’Algérie », éditions Robert Laffont
- Zahia Rahmani « Moze », ed Sabine Wespieser Editeur, 188 pages
Vincent Bouba, 29 décembre 2005
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