jeudi 21 février 2008

Casbah d'oubli...




En Février 1939, c’est la Retirada. Plus de 500000 républicains espagnols passent la frontière franco-espagnole au Perthus, et fuient ainsi la dictature franquiste. Ils seront alors interné dans les camps de concentration d’Argelès-sur-Mer ou Agde, stations balnéaires bien connues des banlieusards parisiens du mois d’Août ... Au même moment plus de 20000 antifranquistes embarquent à Alicante (en Espagne) pour rejoindre l’Algérie, département français à cette époque.

Miguel Martinez-Lopez témoigne de l’exil des réfugiés espagnol.

1- Cinq mots commençant par M vous définissant bien.

manifestant- matinal- mutualiste- militant- méditerranéen

2- Pouvez-vous nous donner une définition du Mouvement Libertaire Espagnol ?

Il s’agit d’un mouvement regroupant des syndicalistes révolutionnaires et des anarchistes qui luttent pour l’avénement du communisme libertaire ( une société où chaque individu prendra ses affires en main, où l’autogestion sera à la base de l’organisation sociale, à l’exclusion de tout parti politique, de toute institution étatique, où toute hiérachie verticale aura été remplacée par une strucutre horizontale fédérale ). Ce mouvement a réussi à mettre en pratique ses théories au cours de la guerre civile espanole de 1936/39, en mettant sur pied de multiples collectivités ( agricoles et industrielles ), et en faisant la preuve qu’un autre monde était possible. Cette révolution causant le plus grand tort au capitalisme et n’étant pas celle des socialistes réformistes ni autoritaires, fut écrasée naturellement dans l’uf.

3- Vous avez fui la répression de Franco pour un exil vers l’Algérie. Par quoi avez-vous été le plus surpris dès votre arrivée dans ce pays, département français à cette époque ?

Quand je suis arrivé en Algérie en mars 1939 j’étais unenfant de huit ans. Par la suite, ce qui m’a le plus surpris c’est le cloisonnement des communautés et le mépris dans lequel les autoctones étaient tenus par les "Européens", le racisme, en somme.

4- Les exilés libertaires espagnols ont-ils été très actifs dès leur arrivée en Algérie ? Ont-ils été dispersés ? Se sont-ils organisés ?

Dès leur arrivée, ils ont été dispersés dans des camps de concentration situés à la périphérie du désert. Des camps disciplinaires où ils ont été traités comme des bagnards - une main-d’¦uvre gratuite pour servir à la construction du transsaharien -. Ils ont aussitôt réorganisé leurs organisations sociales dans le but de préparer leur retour en Espagne ( un rêve qu’ils ne réaliseront pas ).

5- Miguel Martinez Lopez en 5 dates.

1931 : naissance - 1939 : exil en Algérie - 1965 : regagne la Métropole française - 1991 : retraité de l’Education Nationale - 2004 : publication de Casbah d’oubli.

6- Quels sont vos sentiments à propos de la guerre d’indépendance menée par les Algériens ?

Je regrette que le peuple n’en ai pas profité pour réaliser une révolution sociale, qu’il se soit contenté à changer de maître, à remplacer une Algérie colonisée par une Algérie algérienne.

7- Quel est le mot ou la citation qui vous hante constamment ?

" Si tu veux la paix, prépare-toi à vivre avec tout le monde " - Antonio Machado.

8- Quel serait votre projet littéraire le plus fou ?

Ecrire l’histoire de tous le réfugiés politiques espagnols de 1939 en Algérie.

9- Quel est votre peintre préféré ?

Picasso.

10- Les idées libertaires ne sont-elles selon vous qu’une utopie ?

Les idées libertaires sont tout à fait réalistes et réalisables ( on l’a vu en Espagne en 1936/39 avec les collectivités ), à condition de ne pas les étouffer dans l’¦uf, comme il a été dit plus haut.

11- Quelles sont vos drogues de prédilection ?

La poésie, la peinture, la sociologie

12- Que peut-on souhaiter à Miguel Martinez Lopez ? Un retour au pays ?

C’est fait .Je suis partout chez moi au milieu de mes semblables.

13- Qu’êtes-vous devenu en 1962 lors de l’indépendance de la colonie française ?

Je suis resté en Algérie pour servir à l’Education Nationale au titre de la coopération jus’en 1965.

14- Quelles sont vos peurs ?

Que le libéralisme finisse par détruire l’humanité et la terre qu’elle habite.

15- Par quoi souhaiteriez-vous terminer cet E-terview ?

Par un souhait : que l’intelligence de l’homme ait raison, au bout du compte, de sa stupidité, de son égoïsme mesquin, de son manque de solidarité.

- Casbah d'oubli, Editions L'Harmattan.

Vincent Bouba, 20 juin 2005

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