jeudi 18 mars 2010

Nouvelles violations des droits de l’Homme au Sahara Occidental

Les 8 et 9 mars, l’armée et la police marocaines ont réprimé dans le sang des manifestations sahraouies pacifiques qui se déroulaient à Dajla et à El Aïoun (Sahara Occidental).

À l’occasion de la Journée internationale des femmes, des Sahraoui-e-s ont manifesté le 8 mars à Dajla (Villa Cisneros – territoires occupés du Sahara Occidental) pour demander la fin de la répression, la libération immédiate de tous les prisonniers politiques, des informations sur le sort des centaines de « disparus » et la tenue du référendum d’autodétermination promis et annoncé par les Nations Unies depuis 1991. Pour toute réponse, plusieurs unités de l’armée, de la police et des services secrets sont intervenues très violemment. Bilan : De très nombreux-ses blessé-e-s graves.

Le lendemain, deux jours après le retour des onze militants des Droits de l’Homme qui ont effectué des visites dans les territoires libérés et dans les camps de réfugiés de Tindouf (Algérie), fait sans précédent, la population sahraouie a organisé, vers 17h30, un sit-in pacifique dans le quartier Maatallah d’El Aïoun (territoires occupés). Là encore, les manifestant-e-s scandaient des slogans réclamant l’autodétermination et l’indépendance. Là encore, les forces de police marocaines ont brutalement chargé la foule, défoncé des portes de maisons et agressé leurs habitants. Bilan : des dizaines de Sahraouis gravement blessés, dont des femmes comme Mariam Mghaizlat qui a été défigurée.

Face à cette répression féroce, inqualifiable contre des populations civiles pacifiques, l’Association des Familles des Prisonniers et Disparus Sahraouis (AFAPREDESA) dénonce la recrudescence des graves atteintes aux Droits de l’Homme au Sahara Occidental. L’AFAPREDESA « rend responsable les autorités marocaines d’occupation de cette nouvelle escalade au moment même où le monde entier attend des résultats positifs des pourparlers de paix menés sous l’égide de l'ONU entre le Front Polisario et le Royaume du Maroc ». En conséquence, dans l’attente d’un référendum libre et régulier, l’AFAPREDESA souhaite que « le mandat de la MINURSO soit élargi à la protection et à la surveillance des Droits de l’Homme. »

Par ailleurs, l’Association des Amis de la République Arabe Sahraouie Démocratique (AARASD) - qui nourrissait quelques espoirs après les récentes déclarations d’Herman Van Rompuy, président du conseil européen, qui a plaidé en faveur des Droits de l’Homme au Sahara Occidental lors du premier sommet Union Européenne/Maroc à Grenade – a dû admettre l’évidence. « En quelques heures, ces déclarations ont été brutalement démenties par la répression violente et imbécile d’une manifestation pacifique organisée à El Aïoun », a expliqué l’AARASD dans un communiqué. Deux membres de l’AARASD faisaient partie des observateurs étrangers en mission sur place. « Elles ont pu témoigner avec émotion et sincérité de l’ampleur de cette mission et de leur stupeur face à la brutalité de la répression d’une manifestation pacifique, simplement destinée à réclamer l’application d’un droit reconnu depuis 1966 par la Communauté internationale. Avec elles, l’Association des Amis de la RASD témoigne de tout son soutien aux victimes de la répression et à leurs familles. »

Pour l’AARASD, « l’heure n’est plus aux déclarations de principe et aux engagements de fin de conférence sans effet sur le terrain. L’heure est à la fermeté. La Communauté internationale doit enfin se donner les moyens de protéger la population civile sahraouie en élargissant le mandat de la MINURSO à la surveillance effective du respect des Droits de l’Homme et en mettant le Maroc en situation de respecter, au Maroc comme au Sahara Occidental, ses engagements internationaux. Première étape pour qu’enfin le référendum d’autodétermination devienne possible et permette au dernier peuple colonisé d'Afrique de choisir librement son destin. »

Paco, 12 mars 2010

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