mercredi 24 mars 2010

Des vies – 62 enfants de harkis racontent

Le livre Des vies – 62 enfants de harkis racontent, écrit sous la direction de Fatima Besnaci-Lancou, vient de paraitre. Il est préfacé par Boris Cyrulnik, et a reçu la participation de Jean-Jacques Jordi, Gilles Manceron, Abderahmen Moumen et Yann Scioldo-Zurcher.

Vingt-six femmes et trente-six hommes d’horizons et de professions variées se racontent ici. Soixante deux personnes en rappel à l’année 1962, fin de la guerre d’Algérie, pour beaucoup année Zéro de leur itinéraire. Ces 62 portraits sont autant de témoins de l’Histoire franco-algérienne qui racontent leur rapport avec le pays d’origine, avec la France, et la transmission de ce passé si présent à leurs enfants.
Qui sont-ils ? Ils sont pompiers, aide-soignante, vigneron, entraineur sportif, décoratrice, réceptionniste, fonctionnaire, kinésithérapeute, comédien, cadre, technicien dans l’aéronautique, auxiliaires de vies,… Pour chacun d’eux, une page de photos, et une page de témoignage.
Hors des clichés stigmatisant, ces portraits battent en brèche toute simplification de l’histoire. A travers eux, ces enfants racontent, selon leur âge, selon leurs itinéraires, la traversée de la guerre, l’épreuve de l’exil, la vie dans les camps et l’amour pour leurs parents...
Certains sont nés en Algérie, d’autres en France, par exemple dans les camps de Rivesaltes, Bourg-Lastic ou Saint-Maurice l’Ardoise. Leurs récits et leurs photographies sont les traces vivantes d’une résistance à l’indicible.

Fatima Besnaci-Lancou est présidente de l’association "Harkis et droits de l’Homme". Elle est l’auteure de plusieurs ouvrages dont Fille de harkis (Éditions de l’Atelier, 2003) et Les harkis dans la décolonisation et ses suites (en collaboration avec Gilles Manceron aux Éditions de l’Atelier, 2008).

Fatima Besnaci-Lancou, Des vies – 62 enfants de harkis racontent, les Editions de l'Atelier, 2010.

Mouloud Feraoun d'Ali Mouzaoui


Réalisé dans un décor fragmenté en sept parties, rigoureusement sélectionnées, ce film documentaire retrace les différentes étapes et l'évolution de l'instituteur Mouloud Feraoun au grand écrivain. Le film se veut une reconstitution biographique, depuis l'enfance, en 1925, en passant par sa première exi­stence en tant qu'instituteur, jusqu'à sa vie d'écrivain mais aussi de militant des causes justes, humaines. L'école coloniale a voulu faire de lui un allié, mais Mouloud Feraoun, non seulement, a refusé de s'aliéner mais a combattu les préjugés colonialistes et même a réussi à rallier des Français à la cause algérienne. Ceci parallèlement à sa contribution considérable à l'éveil des consciences parmi les siens. Le réalisateur du film retraçant la vie de Mouloud Feraoun explique qu'il ne s'agit pas d'un documentaire chronologique linéaire.

Mouloud Feraoun :
Né le 8 mars 1913 à Tizi-Hibel (Tizi-Ouzou), Mouloud Feraoun, assassiné par l’OAS à Ben-Aknoun (Alger), le 15 mars 1962, avec cinq de ses collègues inspecteurs de l’éducation, a publié en 1950 son premier roman Le fils du pauvre, écrit en 1934, suivi en 1957 par Les chemins qui montent, paru aux éditions du Seuil. Son Journal, rédigé de 1955 à 1962, et remis au même éditeur, ne verra le jour qu’après sa mort et son oeuvre Lettres à ses amis est éditée en 1969. Toujours à titre posthume seront publiés « L’Anniversaire (1972) et son dernier manuscrit La cité aux roses en l’an 2007 aux éditions Yamcom.

Essais de géographie sociale


Dans un contexte de recherche difficile, des chercheurs algériens, étudiant essentiellement l’Est algérien, s’efforcent d’apprécier quelques recompositions en cours de la géographie sociale de leur pays. En milieu urbain, la gestion de l’espace se heurte à l’absence de contrôle du capital foncier, à une législation peu opérationnelle ou à des pratiques d’urbanisation illégales. En milieu rural, les efforts de restructuration n’ont pas toujours eu les effets escomptés et n’ont pu empêcher la multiplication et la complexification des mobilités liées à l’exode rural et à la croissance des villes. L’étude du système éducatif algérien complète cette approche en insistant sur les conditions de formation des nouvelles générations. Les niveaux de scolarisation sont inégaux et, dans le système universitaire, l’encadrement est insuffisant, les activités de recherche limitées, le taux de réussite faible. Enfin une étude est consacrée à la géographie des dernières élections présidentielles.

Études réalisées par des chercheurs des Universités d’Annaba et de Constantine (Algérie) en collaboration avec le Centre de recherche sur les espaces et sociétés (CRESO) de l’Université de Caen.

- Mutations en Algérie. Essais de géographie sociale, PUC, 1997.

jeudi 18 mars 2010

Au rendez-vous des amis d’André Laude, poète insurgé

Après la parution de l’œuvre poétique d’André Laude aux éditions La Différence, l’association des amis du poète libertaire décédé le 24 juin 1995 renforce ses activités.

Pour commencer, le numéro 2 du Cahier André Laude vient de paraître. Au sommaire, une revue de presse consacrée à la publication, en octobre 2008, de l’œuvre poétique d’André Laude aux éditions La Différence. Des articles du Nouvel Observateur, du Matricule des anges, des Lettres françaises, d’OC, de blogs ou de revues de poésie saluent l’initiative des amis du poète journaliste, Yann Orveillon et Abdellatif Laâbi en tête. Suivent des textes d’André Laude, des articles, des entretiens empruntés à des revues (Action poétique, Le temps des loups, Chorus, Soror, Gradiva, Nouvelles littéraires, SUD, Levée d’encre, L’ARC…).

On s’attardera par exemple sur La Confession d’un Français de gauche en Algérie (publiée dans Combat des 8, 9 et 10 juin 1965), sur des textes comme La République des maîtres et des esclaves n’est pas la nôtre ou Ci-gît André Laude. Sans oublier Au-delà des portes et dans les vents rimbaldiens, poème offert par madame David, présidente d’honneur de l’association qui a tenu, dans le Marais, le bar-restaurant Au rendez-vous des Amis, le refuge d’André Laude. Un lieu qui servait « de boîte postale, de salle de bains, de reposoir et, bien entendu, d’estaminet » au poète tonitruant, comme l’a rappelé François Vignes dans son roman Les Compagnons du verre à soif publié par L'Atelier du Gué.

Dans le même temps, un site Internet entièrement dédié à André Laude a été mis en ligne. On trouve sur Poésie urgente une biographie, une bibliographie, des textes, des liens amis… Un contenu qui s’étoffera vite. La matière ne manque pas.

Enfin, le samedi 13 mars, l’association organise un récital André Laude avec Simone Tassimot, accompagnée par Jean-François Pauvros à la guitare électrique. Rendez-vous à 17h30, salle Dumont, à Aulnay-sous-Bois. À cette occasion, un hommage sera rendu à Serge Wellens, vieil ami d’André.

On peut contacter l’Association des Amis d'André Laude chez André Cuzon au 01 48 66 18 88.
Courriel : acuzon@wanadoo.fr

Paco, 12 mars 2010

Nouvelles violations des droits de l’Homme au Sahara Occidental

Les 8 et 9 mars, l’armée et la police marocaines ont réprimé dans le sang des manifestations sahraouies pacifiques qui se déroulaient à Dajla et à El Aïoun (Sahara Occidental).

À l’occasion de la Journée internationale des femmes, des Sahraoui-e-s ont manifesté le 8 mars à Dajla (Villa Cisneros – territoires occupés du Sahara Occidental) pour demander la fin de la répression, la libération immédiate de tous les prisonniers politiques, des informations sur le sort des centaines de « disparus » et la tenue du référendum d’autodétermination promis et annoncé par les Nations Unies depuis 1991. Pour toute réponse, plusieurs unités de l’armée, de la police et des services secrets sont intervenues très violemment. Bilan : De très nombreux-ses blessé-e-s graves.

Le lendemain, deux jours après le retour des onze militants des Droits de l’Homme qui ont effectué des visites dans les territoires libérés et dans les camps de réfugiés de Tindouf (Algérie), fait sans précédent, la population sahraouie a organisé, vers 17h30, un sit-in pacifique dans le quartier Maatallah d’El Aïoun (territoires occupés). Là encore, les manifestant-e-s scandaient des slogans réclamant l’autodétermination et l’indépendance. Là encore, les forces de police marocaines ont brutalement chargé la foule, défoncé des portes de maisons et agressé leurs habitants. Bilan : des dizaines de Sahraouis gravement blessés, dont des femmes comme Mariam Mghaizlat qui a été défigurée.

Face à cette répression féroce, inqualifiable contre des populations civiles pacifiques, l’Association des Familles des Prisonniers et Disparus Sahraouis (AFAPREDESA) dénonce la recrudescence des graves atteintes aux Droits de l’Homme au Sahara Occidental. L’AFAPREDESA « rend responsable les autorités marocaines d’occupation de cette nouvelle escalade au moment même où le monde entier attend des résultats positifs des pourparlers de paix menés sous l’égide de l'ONU entre le Front Polisario et le Royaume du Maroc ». En conséquence, dans l’attente d’un référendum libre et régulier, l’AFAPREDESA souhaite que « le mandat de la MINURSO soit élargi à la protection et à la surveillance des Droits de l’Homme. »

Par ailleurs, l’Association des Amis de la République Arabe Sahraouie Démocratique (AARASD) - qui nourrissait quelques espoirs après les récentes déclarations d’Herman Van Rompuy, président du conseil européen, qui a plaidé en faveur des Droits de l’Homme au Sahara Occidental lors du premier sommet Union Européenne/Maroc à Grenade – a dû admettre l’évidence. « En quelques heures, ces déclarations ont été brutalement démenties par la répression violente et imbécile d’une manifestation pacifique organisée à El Aïoun », a expliqué l’AARASD dans un communiqué. Deux membres de l’AARASD faisaient partie des observateurs étrangers en mission sur place. « Elles ont pu témoigner avec émotion et sincérité de l’ampleur de cette mission et de leur stupeur face à la brutalité de la répression d’une manifestation pacifique, simplement destinée à réclamer l’application d’un droit reconnu depuis 1966 par la Communauté internationale. Avec elles, l’Association des Amis de la RASD témoigne de tout son soutien aux victimes de la répression et à leurs familles. »

Pour l’AARASD, « l’heure n’est plus aux déclarations de principe et aux engagements de fin de conférence sans effet sur le terrain. L’heure est à la fermeté. La Communauté internationale doit enfin se donner les moyens de protéger la population civile sahraouie en élargissant le mandat de la MINURSO à la surveillance effective du respect des Droits de l’Homme et en mettant le Maroc en situation de respecter, au Maroc comme au Sahara Occidental, ses engagements internationaux. Première étape pour qu’enfin le référendum d’autodétermination devienne possible et permette au dernier peuple colonisé d'Afrique de choisir librement son destin. »

Paco, 12 mars 2010

samedi 13 mars 2010

Histoire de l’anticolonialisme en France

Entre l'exaltation du "rôle positif" de la colonisation et le procès de la République colonialiste, la France semble aujourd'hui découvrir son passé colonial. Colonialisme, anticolonialisme : ces mots, inventés à la fin du XIXe siècle, renvoient à une réalité longue de cinq siècles, de la conquête de l'Amérique à l'écroulement des grands Empires dans les années 1960. Pendant cette période, l'adhésion à l'expansion de l'Europe a été le sentiment dominant avec le "fardeau de l'homme blanc" et les missions historiques attribuées par la religion ou la civilisation à certains continents. Cependant, ce sentiment n'est pas inné ; c'est une création culturelle de l'Occident, qui n'allait triompher que tardivement, dans les années 1930, après une lente expansion.
A l'opposé, l'anticolonialisme est également présent dès l'origine, se manifestant au cours des siècles par la critique du sort des Indiens (Las Casas), l'éloge du bon sauvage (Montaigne, Rousseau...) et la dénonciation de l'esclavage par les philosophes du XVIIIe siècle pour qui les colonies sont inutiles, ruineuses et amenées à rompre avec la métropole.
Bien que minoritaire, l'anticolonialisme est présent partout dans la société : chez des intellectuels, dans les milieux d'affaires, ou encore dans la paysannerie. Il trouve des références dans le marxisme, dans le christianisme, voire dans les valeurs universalistes liées aux droits de l'homme. Il suscite des protestations contre les guerres d'Indochine et d'Algérie par lesquelles s'achève l'âge colonial.
Retraçant l'histoire de l'anticolonialisme, l'ouvrage éclaire donc un pan marginalisé dans l'étude de la période coloniale. Les deux questions des anticolonialistes sont toujours d'actualité : comment aller vers des solidarités entre l'Occident et le tiers-monde ? Comment éviter la guerre des cultures par la reconnaissance de la pluralité et de la diversité dans toutes les sociétés ? Redécouvrir aujourd'hui les anticolonialistes contribue à mieux comprendre le présent.

Claude Liauzu, Histoire de l'anticolonialisme en France du XVIe siècle à nos jours, Armand Colin, 302 pages, 2007.

Biographie de Claude Liauzu :
Né à Casablanca, Maroc le 24 avril 1940. Décédé à Paris le 23 mai 2007. Grand professeur d'histoire contemporaine de notre temps, Claude Liauzu a d'abord commencé par enseigner, avec sa femme Josette, dans les années 70, comme coopérant à l'université de Tunis. Collaborateur au Monde diplomatique, il devient très vite un spécialiste de la colonisation et des relations Nord-Sud. En 2003, le professeur de l'université Paris-VII écrit 'Tensions méditerranéennes'. En 2004, il coordonne l'ouvrage "Colonisation. Droit d'inventaire'" L'année suivante, il publie encore 'Empire du mal contre Grand Satan, 13 siècles de culture de guerre entre l'Islam et l'Occident'. S'engageant totalement, il est l'un des grands opposants à la loi française du 23 février 2005, qui porte reconnaissance de la nation et contribution nationale en faveur des français rapatriés. Il coordonne les travaux d'environ soixante-dix auteurs pour un 'Dictionnaire de la colonisation française' en avril 2007 pour Larousse.

vendredi 5 mars 2010

18ème Sant Jordi à Toulouges (Pyrénées-Orientales)


Le dimanche 18 avril 2010 se déroulera à Toulouges (parvis de l'église), la 18ème Sant Jordi organisée par l'Association Collections Traditions Passions. Philippe Bouba y sera présent pour présenter et dédicacer son livre "L'arrivée des Pieds-Noirs en Roussillon, en 1962".

http://actp.site.free.fr

La Sant Jordi est une fête d'origine catalane qui se déroule le 23 avril, jour de la Saint Georges, patron de la Catalogne. La tradition veut que chaque année, on offre un livre et une rose. Ce jour est devenu, sous l'égide de l'UNESCO, journée mondiale du livre et du droit d'auteur.

jeudi 4 mars 2010

Louise Michel

En publiant La Vieille Chéchette, les éditions Albin Michel Jeunesse ravivent une face méconnue de Louise Michel. En plus de ses mémoires, de ses lettres, de ses articles, de ses poèmes…, l’instit anar a aussi écrit des contes pour les enfants.

On connaît la grande figure de la Commune de Paris. On connaît la propagandiste acharnée qui porta les idées anarchistes jusqu’au bout du bout de l’Algérie. On connaît moins le métier premier de Louise Michel (1830-1905). « En janvier 1853, je commençais ma carrière d’institutrice à Audeloncourt (Haute-Marne) où j’avais une partie de ma famille maternelle », explique-t-elle dans ses Mémoires. Une carrière qui allait prendre quelques chemins buissonniers au fil d’une vie militante très tourmentée.

Le brevet de capacité en poche, mais refusant de prêter serment à l’Empire, l’institutrice républicaine exerça pendant trois ans dans une « école libre » de jeunes filles. Zélée et exaltée, Louise Michel n’hésitait pas à faire chanter La Marseillaise dans sa classe avant l’étude du matin et après l’étude du soir. « En reprenant le chœur nous avions souvent, les enfants et moi, des pluies de larmes tombant des yeux », avoue Louise. Sa passion politique et ses méthodes pédagogiques actives n’étaient guère appréciées par les amis de l’Ordre. Louise la « rouge » fut obligée d’émigrer sur Paris où elle occupa plusieurs emplois d’institutrice privée entre 1856 et 1871.

Son amour de l’enseignement, Louise le manifesta également dans les moments les plus inattendus. Déportée en Nouvelle-Calédonie en 1873, la Communarde donna par exemple des cours aux enfants des déportés et à ceux des colons français de Nouméa. « J’étais à cette époque chargée du dessin et du chant dans les écoles de filles de la ville », se souvient Louise. Plus étonnant encore, le dimanche, la « Dame aux chats » enseignait à des « nuées de Canaques ». « Il faut pour les Canaques, des méthodes mouvementées ; n’en faut-il pas pour tout esprit jeune, et nous-mêmes n’apprenons-nous pas plus vite ce qui nous arrive par des couleurs dramatiques que par des nomenclatures arides », observe la pédagogue. Louise partageait aussi ses connaissances avec les Kanaks rebelles (tout en apprenant beaucoup d’eux). Une démarche exceptionnelle dans un contexte colonial et raciste qui gangrenait l’esprit de certains Communards.

Amnistiée le 11 juillet 1880, Louise Michel revint en France le 4 septembre. Elle laissait derrière elle des projets d’écoles de brousse, mais eut la satisfaction d’être la première institutrice laïque à interpréter avec ses élèves la première Marseillaise autorisée sur la place des Cocotiers de Nouméa. « Les enfants rangés en cercle nous entouraient. Après le premier coup de canon, il se fit un tel silence que le cœur cessait de battre », écrit Louise dans ses Mémoires.

Le pillage de boulangeries par le peuple affamé, en mars 1883, conduisit de nouveau la révolutionnaire en prison. L’infatigable instit profita de son temps libre en cellule pour écrire quelques projets pédagogiques. Graciée en 1886, Louise Michel anima de nombreux meetings anarchistes avant de se réfugier à Londres où elle fonda, en 1892, une International School pour les enfants d’exilés français en difficulté dans les écoles anglaises. « L’autorité doit céder la place à la liberté » disait le projet d’école. « Quand j’arrivais à ma classe et que je voyais toutes ces têtes brunes ou blondes, penchées sur leurs pupitres, je me rappelais, non sans émotion, les jours heureux qui avaient précédé la Commune. »

Louise Michel avait montré son intérêt pour les contes en publiant Légendes et chansons de geste canaques dans les Petites Affiches de Nouméa en 1875 (rééditées en 1999 par les éditions Grain de sable). Avec le soutien d’Henri Rochefort, elle publia chez l’éditeur Kéva, en 1884, Contes et légendes, sept contes philosophiques écrits pour ses élèves. La Vieille Chéchette est l’un de ses contes jamais réédités. On découvre l’histoire d’une vieille femme très laide vivant seule dans un bois. La pauvre folle se nourrit de ce que la nature lui offre et de quelques restes trouvés dans le village voisin. Les méchants se moquent d’elle. Ses seuls amis sont les animaux sauvages et une veuve mère de trois enfants. La Vieille Chéchette aime bercer les petits dans ses longs bras velus. Les enfants jouent avec elle comme avec un chien fidèle. Et puis, c’est le drame. La maison de la veuve est la proie des flammes. Chéchette se jette dans le brasier pour sauver un enfant. Chéchette meurt brûlée. L’enfant survit. La dernière phrase du conte de Louise Michel dit : « Ne vous moquez jamais des fous ni des vieillards. »

Ce livre est destiné aux enfants à partir de 8 ans. Il serait sans doute bon de l’offrir également à certains adultes, bien placés au gouvernement, qui semblent n’avoir que du mépris pour les fous et pour les vieillards…

Louise Michel, La Vieille Chéchette, éditions Albin Michel Jeunesse, 32 pages 207mm x 248 mm, illustrations de Stéphane Blanquet. 12,90€.

Paco, mars 2010