vendredi 5 février 2010

El-Biar - Reims : 2-0


L'Equipe - le 02/02/1957

El-Biar - Reims : 2-0 (16ème de finale)
Longtemps, très longtemps, la performance du Sporting Club Union d'El-Biar a servi de valeur étalon à tous les David triomphant des Goliath. Ce 2 février 1957, à Toulouse, un petit club algérois de division d'honneur réussit l'un des plus grands exploits de l'histoire du sport français en éliminant le grand Stade de Reims (2-0), finaliste de la Coupe d'Europe des clubs champions quelques mois plus tôt. Retour sur la surprise du siècle.

En cet hiver 1957, Alger vit dans la terreur. Arrivé à Toulouse-Blagnac, un des dirigeants du club algérois a cette réflexion : «Depuis vendredi, nous vivons dans une atmosphère de calme et de sérénité. Plus de couvre-feu, plus d'attentats au coin de la rue comme à Alger...». Guy Buffard, l'entraîneur-joueur d'El-Biar, est un admirateur du jeu rémois et un fan d'Albert Batteux. Peu importe l'issue de la rencontre, il attend avec impatience de pouvoir «échanger» avec son maître. Au cours de la discussion, Buffard demande à Batteux de ne pas se montrer trop impitoyable du côté du tableau d'affichage, si toutefois Reims prenait rapidement l'avantage. Au coup d'envoi, Reims est au complet, seul manque à l'appel, Just Fontaine, militaire sous le coup d'une mesure disciplinaire. Même les conditions de jeu sont favorables aux Rémois. Les amateurs sont habitués aux terrains secs et pierreux, rien à voir avec la tendre pelouse du Stadium de Toulouse, ils vont devoir changer de crampons.

Les joueurs d'El-Biar réussissent la meilleure entame de match possible. Ils ouvrent la marque, dès la 4e minute, sur un coup-franc de... Guy Buffard. Peu avant la 20e minute, Roland Almodovar prend de vitesse Robert Jonquet et marque. Menés 0-2, les Rémois s'énervent. A la mi-temps, l'euphorie s'installe dans le vestiaire algérien. Dans un coin reposent les bouteilles de champagne que le président rémois, Henri Germain, a offertes avant la rencontre. Certains veulent déjà «faire sauter les bouchons». La seconde période se résume à une attaque-défense, à sens unique. Reims fait le siège du camp algérois. Le gardien d'El-Biar, Paul Benoît, fait la partie de sa vie. Plus les minutes passent et moins El-Biar pense à jouer "à la rémoise". Benoît stoppe encore deux tirs de Bliard et Leblond. La nouvelle de l'inimaginable exploit fait le tour de la métropole et de l'Algérie. Henri Germain résume le match : «Nos adversaires tirent trois fois et marquent deux buts. Nos avants shootent à vingt reprises et manquent tout. C'est désespérant !» Le siècle est terminé, mais on n'a toujours pas fini de parler d'El-Biar...

LA FEUILLE DE MATCH
Le 2 février 1957, Toulouse (Stadium)
SCU EL-BIAR (DH) - STADE REIMS : 2-0 (2-0)
Buts : Buffard (4e), Almodovar (19e) pour El-Biar.
EL-BIARD : Benoît - Issaad, Florit, Baroni, Taberner, Lapasset, Buffard, Chakhor, Vidal, Baeza, Almodovar. Entr. : G. Buffard.
REIMS : R.-J. Jacquet - Penverne, Jonquet, Cicci - Leblond, Siatka - Hidalgo, Bliard, Glovacki, Piantoni, Vincent. Entr. : A. Batteux.

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