Suite à son expulsion du Sahara occidental par les autorités marocaines, Aminatou Haidar a entamé une grève de la faim illimitée le 15 novembre dans l’aéroport de Lanzarote (Canaries). La courageuse militante a été hospitalisée ce matin. La solidarité internationale doit s’amplifier.
Le 13 novembre, celle qu’on appelle la Gandhi Sahraouie revenait des États-Unis (où elle a reçu le prix du Courage Civil pour la lutte non-violente qu’elle mène en faveur du droit à l’autodétermination du peuple sahraoui) quand les autorités marocaines l’ont expulsée du Sahara Occidental.
Depuis le 15 novembre, elle mène une grève de la faim illimitée avec une seule idée en tête : « Je rentrerai chez moi vivante ou morte ». Plus d’un mois après le début de cette action extrême, la détermination de la militante sahraouie inspire le respect et inquiète ses proches. Aminatou Haidar ne buvait jusqu’alors que de l’eau sucrée et refusait toute aide médicale. Ce matin, après avoir vomi du sang, elle a été hospitalisée. En Espagne, en Italie, en France et un peu partout dans le monde, la solidarité s’amplifie pour éviter un drame.
« La communauté internationale ne doit pas laisser Aminatou Haidar seule dans son combat », a affirmé Jean-Paul Lecoq, député-maire communiste de Gonfreville l’Orcher (Seine-Maritime) lors de la Conférence internationale des villes jumelées et solidaires avec les villes du Sahara occidental qui s’est tenue à Alger, du 11 au 13 décembre. « Nous ne pouvons pas laisser Aminatou Haidar, qui est en danger de mort, seule dans sa grève. Elle mène ce combat au nom de tout un peuple. Pour la soutenir, il faut que les mairies mettent des affiches d’Aminatou Haidar de la même façon que certaines mairies affichent les photos de Gilad Shalit ou de Salah Hamouri. »
De retour en France, Jean-Paul Lecoq a interpellé Bernard Kouchner à l’Assemblée nationale lors de la séance qui se tenait le 16 décembre. « Monsieur le ministre des Affaires étrangères, je vais utiliser les trente secondes qui me restent pour saluer le courage d’une grande dame aujourd'hui déportée, dont le seul crime est d'avoir respecté les résolutions des Nations unies en indiquant le nom de son pays sur sa carte de débarquement alors qu'elle rentrait des États-Unis où elle a reçu un prix récompensant son combat pacifique pour le respect du droit international. Elle s'appelle Aminatou Haidar et son pays, le Sahara occidental, est actuellement occupé par le Maroc. Allez-vous la laisser mourir de sa grève de la faim à l’aéroport de Lanzarote ? »
L’intervention, lancée au cœur d’un débat déjà houleux sur la situation en Afghanistan, a essuyé diverses « exclamations » sur les bancs du groupe UMP. Éric Raoult déclara ces propos hors sujet et scandaleux... « Le défenseur du concept d'ingérence humanitaire que vous êtes ne se doit-il pas d’intervenir ?, lui répliqua Jean-Paul Lecoq. Pour construire la paix en Afghanistan et ailleurs, il importe que la communauté internationale soit crédible. Aussi faut-il d'urgence cesser l'application à deux vitesses des résolutions des Nations unies, que ce soit pour les Palestiniens ou les Sahraouis. La France est grande dans le monde, non lorsqu’elle fournit des militaires, mais lorsqu'elle a le courage politique de défendre ses valeurs fondamentales. » Curieusement, les paroles de Jean-Paul Lecoq sur Aminatou Haidar n’ont pas capté l’attention des médias français, alliés fidèles de « notre ami le roi ».
Pour soutenir l’action d’Aminatou Haidar, des villes commencent à afficher des portraits géants de la Pasionaria sahraouie. À Naples, une immense bâche couvre la façade de l’Hôtel de Ville. La ville de Gonfreville l’Orcher a installé un grand poster dans un planimètre proche de son espace culturel. D’autres villes (Rezé, Le Mans, Bègles...) l’imitent. Par tous les moyens, il est important de briser le silence et d’agir pour qu’Aminatou Haidar retrouve, vivante, les siens au Sahara Occidental.
Informations sur la campagne de solidarité auprès de l’association des Amis de la République Arabe Sahraouie Démocratique (AARASD) en écrivant à bur.aarasd@wanadoo.fr
Paco, 17 décembre 2009
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Après 32 jours de grève de la faim, le Maroc, sous une forte pression internationale, a laissé Aminatou Haidar, défenseure Sahraouie des Droits de l’Homme, rentrer le 18 décembre à El Aaiun, au Sahara Occidental. Depuis, elle est assignée à résidence, dans un quartier quadrillé par la police marocaine où toute visite (même de la presse internationale) lui est interdite.